Des Jeux Olympiques d’escalade tant attendus

La candidature de l’escalade pour entrer en tant que discipline aux Jeux Olympiques remonte au début des années 2010. Déjà médiatisé à la télévision ainsi que sur le web, le sport de grimpe a été intégré aux Jeux Olympiques par le CIO après le succès des Championnats du monde à Paris Bercy en 2016. Cette décision a été prise le 3 août 2016 à Rio de Janeiro lors de la 129^ème session du CIO. Cinq ans après, jour pour jour, le coup d’envoi des premiers Jeux Olympiques d’escalade était donné.

Avec plus de 100 000 licenciés en France fin 2020, l’escalade prend de plus en plus de place dans le choix du sport pratiqué par les plus jeunes. De plus, l’entrée comme discipline olympique a renforcé la dynamique positive que connaît l’escalade depuis près de 10 ans par l’augmentation flagrante du nombre de licenciés et par le développement d’infrastructures en France.

Les frères Mawem

Originaires de Guyane, les frères Mawem étaient installés en Alsace dans le Haut-Rhin lors de leurs débuts en escalade. Après avoir testé un certain nombre de sports, Bassa et Michaël se sont pris de passion pour l’escalade, attrayant par le côté familial et la bonne ambiance qui régnait dans leur club, l’Alpi360 à Village-Neuf. Amoureux de risque et d’adrénaline, ils progressèrent rapidement et ne passèrent pas inaperçus aux yeux des spécialistes. Si les deux frangins ont persévéré dans ce sport, c’est aussi pour le respect des valeurs qu’apportent l’escalade. Comme l’explique Michaël, « on ne peut pas faire d’escalade tout seul, il faut toujours qu’il y ait une personne qui nous assure lorsque l’on monte face à une paroi ». Deux français devaient être présents chez les hommes aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020, repoussés en 2021 en raison de la situation sanitaire. Les frères Mawem ont réussi l’exploit de se qualifier tous les deux pour ces Jeux. Alors que Bassa s’est qualifié au TQO en décembre 2019 à Toulouse, son frère, Michaël, avait décroché son ticket au Championnat du monde à Hachioji, au Japon, en août 2019. Comme ils l’avaient précisé avant les Jeux lors de plusieurs interviews, les frères Mawem attendaient ce moment depuis très longtemps et avaient bien l’intention de réaliser une grosse performance durant la compétition.

Retour sur performance

Les qualifications

C’est la première fois que l’escalade faisait partie des disciplines Olympiques, avec une épreuve combinée qui a regroupé le parcours de vitesse, le bloc et le parcours de difficulté. Chez les hommes, les qualifications ont eu lieu le 3 août 2021 au Parc des Sports Urbains d’Ariaka pour laisser place aux finales le 5 août 2021. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les deux français ont réussi leur entrée dans ces JO puisqu’ils terminent à la première (Michaël) et à la septième (Bassa) place. Le plus jeune termine 3^ème de la vitesse, 1^er du bloc et 11^ème de la difficulté, ce qui lui permet de décrocher haut la main son ticket pour les finales. Le second, quant à lui, termine 1^er de la vitesse, 18^ème au bloc, qui n’est pas du tout son épreuve de prédilection, et 20^ème à l’épreuve de difficulté en raison d’une douleur au biceps gauche. Néanmoins, il réussit lui aussi à se hisser en finale grâce aux points d’avance qu’il avait déjà en sa possession.

La finale

Malheureusement, Bassa, victime d’une rupture totale du tendon inférieur du biceps gauche, n’a pas pu participer à la finale tant attendue par les deux frères. Dans ce format spécifique, où les grimpeurs s’affrontaient en un contre un, Michaël Mawem a d’abord bataillé pour passer devant l’américain Nathaniel Coleman d’un petit dixième de seconde à l’épreuve de vitesse. Il a ensuite affronté le japonais Tomoa Narasaki en « demi-finale » de la vitesse où le français a glissé dès la troisième prise et a donc perdu toute chance d’être premier à cette première épreuve du combiné. Lors de sa dernière ascension de vitesse, face au tchèque Adam Ondra, le français remporta la troisième place, le maintenant dans la course à la médaille d’or. Spécialiste du bloc, Michaël était pressenti comme le vainqueur de l’épreuve mais l’américain Nathaniel Coleman, qui est le seul à avoir réussi deux murs sur trois, s’est montré sous son meilleur jour et a remporté l’épreuve. Virtuellement médaillé avant l’épreuve de la difficulté, Michaël Mawem perdit toutes chances de médailles lorsqu’il glissa à mi-parcours en raison de l’humidité présente dans la salle (près de 70%). Le français terminera dernier de cette ultime épreuve et donc cinquième des Jeux Olympiques. Le jeune espagnol Alberto Gines Lopez devient le premier champion de l’histoire des Jeux Olympiques d’escalade à seulement 18 ans. Il devance l’américain Nathaniel Coleman et l’autrichien Jakob Schubert.

La volonté de revenir plus fort Malgré la blessure de Bassa et la déception de Michaël, les frères Mawem comptent bien revenir encore plus fort pour les Jeux Olympiques Paris 2024. Ils affichent déjà sur leurs réseaux sociaux leur ambition en exposant leurs entraînements, leur quotidien et leurs projets. Récemment, ils ont ouvert leur première salle d’escalade à Colmar, baptisée « Bloc & Wall ». Si on espère revoir les deux frères aux JO 2024 en grande forme, on peut tout de même saluer le dur et long parcours qui les a menés jusqu’aux premiers Jeux Olympiques d’escalade à Tokyo.